Tableaux de Maîtres
David KESSEL
Peintures
Je viens d’une famille au destin particulier. Un père résistant déporté à Auschwitz et une mère ayant vécu l’étoile jaune et les heures sombres de l’occupation nazie en France. Au delà de leurs meurtrissures, de ces images de ténèbres, ils ont su taire leurs blessures pour nous offrir, à mon frère et moi, l’amour et l’espérance en une vie meilleure fondée sur le respect et la dignité humaine. Profondément humaniste, juif par ma tradition, j’ai su prendre le meilleur d’eux et j’essaie de porter ce message d’humanité qu’ils m’ont transmis. Mon chemin de peintre a commencé en même temps que mes premiers dessins dans la presse, à l’âge de 18 ans. Mes débuts pendant près de dix ans comme dessinateur-illustrateur pour la presse et l’édition, caressant aussi quelques campagnes publicitaires. Bercé par ma tradition, ma peinture est née d’ambiances de shtetls, ces petits villages juifs de Russie ou de Pologne. Aux accents de violon ou de clarinette. Musique Klezmer. Née des écrits de Haïm Potok ou d’Isaac Bashevis Singer. Des peintures de Chagall ou de Soutine. Petit à petit, au cours de mes voyages, mes thèmes se sont diversifiés. Au fur et à mesure que je prenais conscience que le monde est notre planète, et que nous en sommes tous ses habitants. Ces thèmes sont comme autant d’invitations au voyage. Tout est prétexte à la couleur et à la découverte de nouveaux horizons. Peut-être ai-je toujours pris le présent comme un cadeau, le passé comme un enseignement, et l’avenir comme une blague. « Seule cette apparente innocence est sérieuse…C’est pourquoi tu peins si bien les oiseaux. Et du coup, les plus infimes vignettes de la vie deviennent profondes et signifiantes sous ton pinceau : une terrasse parisienne, une partie de cartes, une cabine de navire corsaire, un beau portrait de femme, … Le message est sous-jacent, la liberté de celui qui le regarde est aussi grande que la liberté de celui qui crée. Et comme c’est toi l’artiste et le passeur, nous suivons ton cœur où il nous mène. » Nathalie Salmon, en quelques lignes, initie un code d’honneur que je veux être colonne vertébrale de ma pensée. Ne jamais imposer une seule lecture et donner la possibilité à l’observateur de se positionner par rapport à ma création. La peinture est comme une musique au carrefour de plusieurs cultures. Elle est printemps. Comme autant de mains qui s’ouvrent, de cœurs qui se dévoilent. La peinture est un renouvellement incessant. Elle interroge. C’est, au-delà de l’émotion, ce que doit susciter la peinture.
DK